Mabon, aussi appelé Alban Elved, est le second sabbat associé aux moissons (après >> Lughnasadh >>), représentant la seconde récolte des fruits tardifs (pommes, poires, raisins, châtaignes…). Sa date exacte varie selon les années, car l'équinoxe d'automne peut tomber entre le 20 et le 23 septembre, mais la date du 21 septembre est communément acceptée. Dans l'antiquité et les anciennes traditions celtiques, on ne trouve pas de fête sous ce nom, mais Mabon fut ajoutée aux fêtes saisonnières par le néopaganisme.
Le nom de Mabon découle du dieu celtique gallois Mabon ap Modron, le dieu chasseur, équivalent du dieu gaulois Maponos et du dieu irlandais Oengus. Il est enlevé à sa naissance pour être emprisonné dans l'Annwvyn (l'autre monde des gallois), jusqu'à ce qu'il soit délivré par le roi Arthur et son cousin Kulhwch. Il devint ensuite le meilleur 'veneur' (organisateur de chasses à courre), particulièrement connu pour sa chasse au sanglier (animal qui lui est associé).
Symboliquement, l'équinoxe (d'automne comme de printemps) est un moment de seuil où le jour et la nuit sont d'égale durée, marquant l'équilibre des forces de la nature. En cette saison de seconde récolte, les valeurs de remerciement pour l'abondance reçue est au centre des rites, ainsi que la préparation au repos hivernal. C'est donc une fête axée sur la gratitude mais aussi sur l'introspection. Car si Lughnasadh célèbre la première récolte dans le partage de la saison lumineuse, Mabon intériorise la seconde récolte vers les réserves pour la saison sombre.
L’autel est généralement nappé de brun, et les bougies aux couleurs de l'automne. Les offrandes sont habituellement des produits de saison de la terre (pommes de terre, maïs, mûres…). Certains utilisent des feuilles mortes pour tracer leur cercle, ou en décoration, ou en les faisant tomber durant les invocations. La Déesse est représentée sous son aspect Mère des moissons (Déméter, Perséphone, Cérès, Epona...) ou de Vieille Femme. Le Dieu y est plutôt dans son déclin, sacrifiant ses fruits pour nourrir la Terre (Bacchus/Dionysos, Frey…), ou sous son aspect de dieu de la chasse sauvage (Herne, Mabon ap Modon…).
Il est possible de concevoir une corme d'abondance symbolique (même s'il s'agit d'une simple coupelle ou d'un panier), débordant de fruits de saison, de noix, de pain, de fleurs séchées… Vous pouvez choisir de cuisiner et de partager un repas automnal, éventuellement accompagné de jus de pomme (ou de cidre) et de raisin (ou de vin). Préparer des conserves, compotes, fruits secs et autres réserves pour l'hiver est parfaitement adapté.
Il est aussi traditionnel de ramasser des feuilles mortes et des graines afin de confectionner des charmes et talismans pour l'hiver qui vient. On peut enterrer une pomme en guise d'offrande à la Terre, la remerciant pour les fruits offerts par la nature.
Retenez que c'est aussi et avant tout un moment d'introspection. Vous pouvez profiter de ce moment de seuil pour écrire ce que vous voulez laisser derrière vous ainsi que ce que vous voulez préserver pour la saison sombre qui approche. Toute forme de méditation et de travail intérieur est favorisé par ce sabbat.
A titre d'exemple et pour inspirer vos propres prières, voici une oraison de Mabon tirée du livre >> La Roue Païenne, de Sofia Pastor >> :
"
Ô Mabon, roi de cette saison,
Tu es le prince abondant, le fils des dernières moissons.
Quand le cœur a ses rasions, tu plonges en ses tréfonds,
Le temps du renoncement résonne à l'unisson.
Hélios s'en va, Hélios ne te retourne pas,
L'équinoxe de ce mois se terre dans les sous-bois.
Cernunnos vieillit ses cornes, à l'image du capricorne,
Les feuilles d'automne rougissent telle une dragonne.
Epona, reine des Gaulois, bénit les âmes de l'au-delà,
L'heure est au constat, au repli sur soi.
J'entends l'appel de Gaïa, dans mes veines, tel un mantra.
Je comprends le temps de raison, dans mon cœur, telle une passion.
Gaïa accueille son fils, comme un retour aux prémices,
La mère sous ses auspices accepte l'ultime sacrifice.
Ainsi réunis, ils accomplissent la justice fondatrice.
En ce sabbat de Mabon, je me fais abandon,
Renfermement devient raison, dans le refuge de ma maison.
J'accueille la parole des anges et les temps des vendanges,
Les louanges de la mésange s'animent de teinte orange.
La rousseur révèle son nouvel air, en ce jour égalitaire,
place aux heures humides et aux larmes de la terre.
"
En complément, voici une idée de rite de saison. Allumez une bougie en disant :
" Vieille Femme des pommes qui attends avec ta faucille,
Donne-moi le courage de mieux renaître ! "
Fendez la pomme horizontalement (afin que le pentagramme que dessinent ses pépins soit visible) et placez tous ses pépins dans un sachet à porter tout une lunaison autour du cou. Mangez une moitié de la pomme et méditez en vous imaginant dans un verger et y rencontrer la Vieille Femme sous la forme d’un vieil arbre. Prononcez à nouveau l’appel.
Revenez ensuite de ce voyage et enterrez l’autre moitié de pomme dehors, si possible sous un vieil arbre semblable à celui de votre méditation. Tenez un journal de rêves et de "coïncidences" tant que sera porté ce talisman (une lunaison, soit environ 29 jours).
Comme toujours, ne voyez ici que des suggestions afin de vous permettre de concevoir votre propre cérémonie, selon vos croyances et affinités personnelles.
Belles célébrations à vous !
Awen.
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